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Stéréotype, quand tu nous tiens

Une plaque d'immatriculation, un préjugé. Et si ce jeu de l'été disait plus sur toi que sur l'autre ?

Lucie Michaut

8/28/20252 min read

Qui sont ces inconnus sur l'autoroute ?

Il faut rentrer de vacances. Flemme mais obligée.

Sur l’autoroute, il y aura ce vieux jeu habituel. Regarder les plaques d’immatriculation. Et deviner d’où viennent les autres.

Un 75 en pleine forêt landaise ?
Parisien égaré, probablement arrogant.

Un 13 en Haute-Savoie ?
Marseillais venu chercher un peu de fraîcheur.

Un 59 à Biarritz ?
Sûrement perdu en route.

Je ne lis pas des chiffres, mais des fictions. C’est comme jouer à Dieu à coups de département.

Bon, c’est un jeu socialement toléré, parce qu’il est anodin. Mais il comporte pas mal de stéréotypes.

On pense rire, on pense observer. En réalité, on classe. On réduit. On projette.

Et surtout, on cherche à se rassurer. À savoir qui est l’autre.

Les vacances révèlent ce que les villes cachent : ce besoin bizarre de catégoriser le monde pour mieux y survivre.

La plaque est un signal faible. Mais elle suffit à réveiller des réflexes tribaux. Et des préjugés. On en a tous.

Alors, quand tu joues à deviner « qui vient d’où », demande-toi ce que l'autre voiture dit aussi de toi.

Lire dans les chiffres, lire dans les gens

Sur l’autoroute du retour, notre attention s’accroche à des détails minuscules : une suite de chiffres sur une plaque. Ce n’est pas anodin. On cherche dans l’autre un miroir ou une alerte.

Deviner d'où viennent les gens, c'est moins une question de curiosité que de contrôle. Comme si mettre une histoire derrière un numéro permettait d'apprivoiser l'inconnu.

Et toi, arrives-tu à observer sans classer ?

Les stéréotypes, ces raccourcis confortables

On rigole, mais derrière le jeu, il y a des jugements. L’arrogance présumée du Parisien, la décontraction du Marseillais, la supposée perte du Nordiste... C’est à la fois absurde et révélateur.

Ces petites fictions qu’on invente nous permettent de tenir à distance. Moins l'autre est flou, plus on se sent sûr de soi. C’est du branding mental. On colle une étiquette pour éviter l’inconfort du doute.

As-tu déjà ri d'un cliché... avant de te rendre compte que tu y croyais un peu ?

Une tribu à quatre roues

Ce jeu des plaques n'est pas anodin. C'est le symptôme d'une envie ancienne : savoir qui est "des nôtres" et qui ne l'est pas.

Le tribal, le communautaire, le "nous vs eux" se glisse partout. Même sur l'autoroute. C'est rassurant, car ça crée un faux sentiment de maîtrise.

Mais c'est aussi ce qui alimente les barrières invisibles. Celles qui font que l’on se croit supérieur, plus civilisé, plus malin... en regardant un numéro.

Qui exclus-tu sans même t'en rendre compte ?

Exercice express : Les 3 filtres

Avant de juger l'autre, passe par ces 3 filtres :

  1. Ce que je crois voir (ex : il a une plaque 75, donc...)

  2. Ce que je projette (mes expériences, mes préjugés, mes peurs)

  3. Ce que je ne sais pas (l'histoire derrière, le contexte, la complexité)

📃 Journal prompt : "Quelles sont les étiquettes que je colle trop vite sur les autres ? Et qu'est-ce qu'elles disent de moi ?"

Une plaque ne dit rien. Mais ton regard, si.

Ce n'est pas le numéro sur la voiture qui pose problème. C'est ce que tu choisis d'y lire.

On vit entassés, anonymes, parfois saturés des autres. Mais là, sur l’autoroute, entre deux aires de repos, on a encore le choix de voir des humains, pas des catégories.