S'enfermer dans sa tour d'ivoire. Et n'y voir plus rien.
Et si le vrai danger n'était pas de penser trop loin, mais de penser trop seul ? Un texte pour réconcilier élévation et ancrage.
Lucie Michaut
8/18/20252 min read


La tour d'ivoire : refuge ou isolement ?
S'enfermer dans sa tour d'ivoire. Et n'y voir plus rien.
À l’origine, la tour d’ivoire n’était pas un reproche. C’était une image d'élévation.
Dans le Cantique des Cantiques, elle désigne Marie. Une figure de pensée divine. Loin du monde, au-dessus du tumulte.
Puis la littérature l’a reprise. Et peu à peu, le sens s’est retourné : de la sagesse solitaire à l’arrogance isolée.
Aujourd’hui, la « tour d’ivoire » désigne ceux qui pensent sans se mouiller. Les experts hors-sol. Les théoriciens. Les intellectuels sous cloche.
Mais qui n’a jamais rêvé d’un endroit où penser sans être interrompu, bousculé, contraint ?
Un lieu d’idées nettes. Sans les aspérités du réel.
Le problème, ce n’est pas la tour. C’est d’oublier qu’elle n’a pas de ponts.
Penser haut, pourquoi pas. Mais penser seul, pour qui ?
La solitude comme condition de clarté
La pensée a besoin d’espace.
Le tumulte du quotidien, les sollicitations constantes, les frictions sociales : tout cela rend la pensée lente, floue, diffractée.
La tour d’ivoire, dans sa version noble, est une tentative de résistance. Un lieu de retraite pour mieux voir.
Mais toute retraite, si elle dure trop, devient oubli du monde. Et un point de vue décollé du sol finit par perdre sa pertinence.
Quand avez-vous pris le temps de penser, vraiment ? Et jusqu'à quel point étiez-vous encore en lien avec le monde ?
Le danger du dés ancrage
Penser sans ancrage, c’est penser dans le vide.
Les idées ne vivent pas seules. Elles s’éprouvent. Se testent. Se confrontent.
Sans interaction, la pensée tourne en rond. Elle devient auto-référentielle, abstraite, inaccessible. Elle perd sa chair.
Votre pensée est-elle une bulle ou un levier ?
Journal prompt : construire des ponts
Quelle est votre "tour" à vous ?
Quelles idées y cultivez-vous ?
Avec qui les partagez-vous ? Comment les testez-vous ?
Que faites-vous pour garder le lien entre l’abstraction et le terrain ?
La hauteur n’est pas le problème. C’est l’isolement.
Une tour d’ivoire peut être un phare. Mais sans ponts, elle reste une prison.
La sagacité à l'état pur.
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