(Mauvaise) influence
Une TikTokeuse dit « on s’en fiche », et 3 millions la croient. Et si l’influence, c’était justement ce qu’on valide sans le dire ?
Lucie Michaut
8/18/20252 min read


Influence ou validation ? Quand l’éthique passe à la trappe
« J’ai acheté des faux Labubu mais on s’en fiche, mes filles sont contentes. »
Phrase entendue chez une TikTokeuse suivie par 2,9 millions de personnes.
Ok. Chacun pense et (dé)pense comme il veut. On n’est pas là pour juger les achats des autres.
Mais quand tu as presque 3 millions de personnes qui t’écoutent, ça devient autre chose.
Ça devient un message. Une validation. Une banalisation. Et c'est là que c'est dérangeant.
La contrefaçon, ce n’est pas juste une économie sur une peluche un peu trop tendance.
❌ Ce sont des circuits opaques, parfois mafieux.
❌ Du travail dissimulé ou sous-payé.
❌ Zéro contrôle environnemental.
❌ Le vol pur et simple du travail de créateurs.
❌ De l'arnaque en masse
Évidemment, c’est plus cher d’acheter l’original. Moins « tendance », moins facile à montrer. Mais ça soutient ceux qui créent vraiment.
Le plus ironique ? Ces mêmes influenceuses s’indignent quand on « vole » leur contenu. Voler = faire pareil dans leur jargon.
Il ne faut pas oublier qu’elles recyclent les mêmes trends vues et revues depuis 2019. Et qu'elles prennent ce qui marchent chez les Américaines.
Je ne dis pas quoi faire. Ou pas. La responsabilité est la votre.
Juste : quand on est suivi par des millions, ça vaut le coup de réfléchir deux fois avant de dire « on s’en fiche ».
Parce que même sans le vouloir, ça valide. Ça encourage. Et c’est ça le vrai sujet.
Une influence qui n’est plus innocente
Quand on parle, des millions écoutent. Et ce qu’on banalise devient modèle.
Acheter une contrefaçon, chacun fait ce qu’il veut. Mais le dire publiquement, sans nuance, sans recul, devant une audience colossale ? Ce n’est plus un choix individuel. C’est un signal.
Et ce signal est clair : « Trichez, c’est pas grave si c’est mignon. »
Vous arrive-t-il de sous-estimer l'impact de ce que vous validez publiquement ?
Les coulisses de la contrefaçon
Derrière l’objet low cost, un véritable coût caché.
Ce n’est pas une question de snobisme ou d’authenticité pour puristes. C’est une réalité éthique, sociale, légale.
Acheter des faux, c’est alimenter :
Des réseaux criminels
De l’exploitation humaine
Des pollutions incontrôlées
La dévalorisation du travail créatif
En tant que consommateur ou créateur, à quoi donnez-vous du pouvoir sans le vouloir ?
L’hypocrisie de la propriété créative
Beaucoup d’influenceurs réclament le respect de leur contenu... tout en banalisant le vol de celui des autres.
Ils parlent de "vol" quand quelqu’un copie leur idée, leur danse, leur son. Mais valident la copie industrielle d’une création sans sourciller.
La même logique, deux poids deux mesures.
Quel discours tenez-vous sur le vol, selon que vous soyez la cible ou le bénéficiaire ?
Exercice : votre zone d’impact
3 questions à se poser avant de poster un message influent :
Qu’est-ce que je valide en creux par mes mots ou mon ton ?
Quelle image je donne aux plus jeunes ou plus vulnérables qui me lisent ?
Est-ce que je dirais la même chose devant les personnes directement concernées (artistes copiés, ouvriers exploités, etc.) ?
On ne parle pas dans le vide
Ce qu’on tolère crée des normes. Ce qu’on banalise devient exemple. Et ça, c’est de l’influence. La vraie.
La sagacité à l'état pur.
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