Le discernement : ce mot en voie d’extinction
Trop lent, trop nuancé, trop discret : le discernement n’a plus la cote. Et pourtant, c’est lui qui nous sauvera du vacarme. Un plaidoyer pour la lucidité — et une habitude à remettre au centre.
Lucie Michaut
9/16/20252 min read


Le discernement : ce mot en voie d’extinction
Dans la famille “concept en voie de disparition”, je demande le discernement.
À réintroduire d’urgence.
Discernement (n.m.) : du latin discernere — trier pour choisir, distinguer pour comprendre. Pas réagir. Pas corriger. Voir.
Faculté de l’esprit à juger avec justesse. À distinguer le vrai du faux, l’essentiel de l’accessoire, le bon du nuisible.
Capacité à voir clair dans la complexité. À faire preuve de lucidité, sans se laisser emporter par l’émotion ou le brouhaha ambiant.
Ce n’est pas seulement savoir ce qui est vrai ou faux.
C’est distinguer l’important du superficiel.
C’est résister à l’opinion de masse si elle est erronée.
C’est agir avec lucidité malgré le consensus.
La question pour le retrouver :
"Est-ce que je cherche à avoir raison… ou à voir juste ?"
Voilà, voilà.
Quel sera le prochain mot ?
Voir juste, au lieu de vouloir avoir raison
Dans une époque saturée de débats, de clashs, de prises de parole permanentes, le discernement est devenu un luxe — voire un acte de résistance.
On commente plus vite qu’on ne comprend.
On réagit plus qu’on ne réfléchit.
Et dans cette agitation permanente, celui qui prend le temps de distinguer passe presque pour un traître.
Mais le discernement n’est pas de la tiédeur.
C’est une flamme froide. Une lucidité qui coupe. Qui tranche. Qui ne s’emballe pas.
💬 Et toi, dans tes derniers échanges : est-ce que tu cherchais à convaincre, ou à comprendre ? Est-ce que tu étais dans le juste ou dans l’égo ?
Le discernement, antidote à l’emballement collectif
On dit souvent “la foule a toujours tort”. Ce n’est pas tout à fait vrai.
Mais la foule n’a pas toujours le temps.
Elle suit. Elle amplifie. Elle réduit la complexité en slogans.
Le discernement, lui, ralentit.
Il demande de sortir de la réaction pour entrer dans la réflexion.
De ne pas se fier à l’émotion première. Ni à l’avis dominant.
✍️ 3 questions pour entraîner ton discernement :
Qu’est-ce que je ressens… et qu’est-ce que je sais vraiment ?
Est-ce que cette info me flatte ou m’éclaire ?
Ai-je lu ou vu les deux versions avant de conclure ?
Juger n’est pas condamner
Le discernement ne condamne pas.
Il fait la différence entre erreur et malveillance, maladresse et manipulation, émotion et réalité.
Il est capable de dire : "Je ne suis pas d’accord, mais je comprends."
Ou : "Je doute encore, donc je ne tranche pas."
Et c’est ça, aussi, le courage.
Pas celui de parler plus fort.
Celui de voir plus juste.
💬 À quand remonte ta dernière prise de recul avant de réagir ? Et si tu l’intégrais comme une habitude, pas comme une exception ?
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